LE JOURNAL

D'ANNE FRANK

l'histoire

références essentielles

pour mieux comprendre

Eclairage

Le 6 juillet 1942, la famille Frank se cache en plein centre d'Amsterdam pour échapper aux rafles de l'occupant nazi. La fille cadette, Anne, a 13 ans. Comme beaucoup de jeunes filles de son âge, elle va tenir son journal intime. Le récit d'une vie qui n'en est plus une, et où, du fond de sa clandestinité, pendant deux longues années, elle a raconté, rêvé, égrené les petits faits du quotidien et les grandes espérances pour "après".

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FRANCE-GRANDE BRETAGNE-IRLANDE -1999

- 1h 29 - VF

Réalisatrice : Julian Y. WOLFF

Adaptation et dialogues : Daniel Holender

Musique : Théodore Shapiro

 

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  Anne Frank, le journal d'une vie…

12 juin 1929

Naissance d'Anne à Francfort (Allemagne). Elle est le deuxième enfant d'Otto et Edith Frank. Sa sœur, Margot, est née en 1926. Otto Frank est issu d'une famille juive installée depuis plusieurs siècles en Allemagne. Son père était homme d'affaires (import-export, commerce d'actions et obligations…). Lui-même, après la faillite familiale engendrée par la crise de 1929, se lança dans les affaires.

Édith était la fille d'un riche industriel.

Mars 1933

Prise de pouvoir par Hitler. Début de la persécution des Juifs en Allemagne.

 

Juin 1933

Edith et ses deux filles quittent l'Allemagne et se réfugient dans la famille de celle-ci, à Aix-la-Chapelle. De son côté, Otto est parti à Amsterdam. Il y dirige une petite succursale d'Opekta, société de fabrication de pectine (produit alimentaire entrant dans la composition des confitures) dont le mari de sa sœur Leni est copropriétaire. Il commence à chercher une maison où il pourrait installer les siens.

 

Décembre 1933

Edith et Margot rejoignent Otto à Amsterdam. Anne, restée chez sa grand-mère, ne les retrouvera qu'en février 1934. Peu à peu, les Frank s'intègrent en Hollande. Les affaires d'Otto leur procurent une certaine aisance.

 

1938

En mars, l'Allemagne annexe l'Autriche. En septembre, Otto Frank crée Pectaton, une société spécialisée dans le commerce des épices. Il embauche Hermann Van Pels qui, avec sa famille, partagera quatre ans plus tard le sort des Frank à "l'Annexe".

 

1939

Première mesures de rationnement alimentaire aux Pays-Bas, dans le courant de l'été. En septembre l'Allemagne envahit la Pologne. La France et l'Angleterre lui déclarent la guerre.

 

1940

L'Allemagne conquiert le Danemark, la Norvège et le Luxembourg. Le 10 mai, les Pays-Bas sont envahis. 140 000 Juifs vivent alors dans le pays, dont plus de la moitié à Amsterdam. En juillet, premières mesures anti-Juifs. En décembre, Opekta et Pectaton déménagent au 263, Prinsengracht.

 

1941

En janvier, les Juifs sont contraints à se faire enregistrer comme tels. Premières exécutions, rafles et déportations. Les Juifs des Pays-Bas sont peu à peu totalement exclus de la vie sociale. Aucune entreprise ne pouvant plus désormais appartenir à un Juif, Otto imagine de faire enregistrer ses sociétés au nom d'un tiers. Jan Gies, mari d'une de ses employées, Miep, accepte de créer "Gies & Co". Ainsi la famille Frank pourra-t-elle, à l'abri de ce montage juridique, conserver sa source de revenus. Anne et Margot doivent quitter leur école et intégrer un lycée réservé aux Juifs.

 

1942

La situation aux Pays-Bas empirant de jour en jour, les Frank font une demande d'émigration pour l'Angleterre. Ne parvenant pas à obtenir l'autorisation requise, Otto commence à préparer, dans une annexe de ses entrepôts, un local susceptible de les cacher. Plusieurs employés non-Juifs de ses entreprises sont mis au courant et acceptent de l'aider à aménager les lieux et à stocker de la nourriture.

 

29 avril 1942

L'occupant impose aux Juifs des Pays-Bas le port de l'étoile jaune.

 

12 juin 1942

Anne, pour son treizième anniversaire, reçoit des mains de son père le cahier rouge et blanc où elle rédigera le début de son "Journal".

 

5 juillet 1942

Comme cela avait déjà été le cas pour des milliers d'autres Juifs, Margot reçoit une convocation de la Zentralstelle (autorités allemandes aux Pays-Bas), synonyme de déportation vers un camp de travail forcé. Pour les Frank, l'heure est venue d'entrer dans la clandestinité…

 

6 juillet 1942

Au petit matin, emportant le strict minimum, les Frank quittent leur maison pour "l'Annexe", simulant une fuite vers la Suisse. Ils seront bientôt rejoints dans leur refuge par les Van Pels puis un dentiste, F. Pfeffer.

 

1942-1944

Totalement reclus, les huit réfugiés de "l'Annexe" vont vivre durant deux ans avec l'angoisse perpétuelle d'être découverts, et dans une promiscuité qui sera source de bien des tensions. Ils bénéficient toutefois du dévouement et du désintéressement de plusieurs des employés d'Otto Frank, qui les ravitaillent, les soutiennent et les informent de l'évolution des événements. Au cours de ces deux années - et puisant son inspiration dans cette expérience exceptionnelle - Anne Frank rédige son "Journal".

 

6 juin 1944

"D Day". Les Alliés débarquent en Normandie. Amsterdam ne compte officiellement plus d'habitants juifs. Tous ont été raflés puis déportés.

 

4 août 1944

Dénoncés, les occupants de l'Annexe sont arrêtés à leur tour (ainsi que certains de ceux qui les aidaient : MM. Kleiman et Kugler, collaborateurs et amis d'Otto Frank). Après le départ de la Gestapo, Miep Gies a récupéré le cahier et les feuillets épars du "Journal".

 

8 août 1944

De la prison où on les avait enfermés, les Frank et leurs amis sont conduits à Westerbork, un camp hollandais de transit.

 

3 septembre 1944

Anne, sa sœur et ses parents sont déportés au camp d'extermination d'Auschwitz.

 

Octobre 1944

Malades, Anne et Margot sont transférées au camp de Bergen-Belsen.

 

6 janvier 1945

Edith Frank meurt à Auschwitz.

 

Mars 1945

Margot et Anne meurent du typhus à Bergen-Belsen. Trois semaines plus tard, le camp sera libéré par les troupes britanniques…

 

Seul survivant des huit occupants de l'Annexe, Otto Frank est mort le 19 août 1980 en Suisse. Il avait consacré l'essentiel de sa vie à la mémoire de sa fille Anne et à la "Fondation Anne Frank" qui n'a jamais cessé, depuis sa création, de lutter contre le racisme et l'antisémistisme, partout dans le monde…

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LES VERSIONS SUCCESSIVES DU JOURNAL

"Les Journaux" d'Anne Frank…

Ce que l'on nomme communément "le" Journal d'Anne Frank recouvre en fait trois textes : deux de la main d'Anne Frank elle-même et un troisième - issu des deux premiers - recomposé par son père, Otto, en vue de la publication.

À ces trois versions, il convient aujourd'hui d'ajouter une quatrième, dite "version définitive", établie par addition des deux textes originaux et où ont été replacés l'essentiel des passages expurgés par Otto.

 

Lorsqu'elle entame la rédaction de son Journal, le 12 juin 1942, Anne Frank a tout juste 13 ans. Le premier cahier sur lequel elle va commencer à raconter par le menu les péripéties de la vie à l'Annexe et témoigner de l'évolution de ses sentiments, lui a été offert par son père pour son anniversaire.

Dès le début, le journal remplit pour elle le rôle du confident absent, de l'ami idéalisé. Le 20 juin, elle écrit : "Me voici arrivée à la constatation d'où est partie cette idée de Journal : je n'ai pas d'amie". "Je veux faire de ce journal l'amie elle-même, ajoute-t-elle un peu plus loin, et cette amie s'appellera Kitty."

C'est à cette correspondante imaginaire qu'Anne Frank, entre le 12 juin 1942 et le 1er août 1994, va écrire les dizaines de lettres qui composent le premier Journal.

 

Le "deuxième" Journal

À plusieurs reprises, Anne Frank fait part à Kitty de son goût pour l'écriture et de son désir de devenir écrivain ("journaliste et écrivain célèbre", dit-elle). Très tôt dans la genèse de la rédaction, elle a envisagé de faire du Journal la matière première d'un roman sur cette période tragique.

Cette détermination va se trouver renforcée, en mars 1944, par l'appel que lance sur Radio-Londres le ministre hollandais de l'Éducation, alors en exil. Pour témoigner dans le futur des souffrances endurées par le peuple hollandais, il invite ses concitoyens à conserver tous les écrits, lettres et journaux intimes concernant la période d'occupation allemande.

Anne, qui a entendu cet appel, écrit le 11 mai 1944 : "Après la guerre, je veux en tous cas publier un livre intitulé "l'Annexe", reste à savoir si j'y arriverai, mais mon journal pourra servir."

Elle entame alors - tout en continuant à tenir le journal originel - une relecture critique de ses textes antérieurs, et entreprend de les réécrire, supprimant ou complétant certains passages, annotant ou commentant les autres. C'est la deuxième version du Journal d'Anne Frank.

 

La première version publiée

C'est Miep Gies (employée d'Otto, elle était l'un des liens des fugitifs avec le monde extérieur) qui, lorsque les Frank furent arrêtés au matin du 4 août 1944, sauva le Journal : le cahier rouge et blanc, mais aussi des dizaines de feuillets épars et un livre de caisse contenant des textes. Décidée à les conserver pour Anne, Miep ne les remit à Otto qu'en juillet 1945, lorsqu'il fut avéré qu'Anne était morte au camp de Bergen-Belsen…

Otto Frank s'était contenté de transcrire les textes de sa fille en vue de leur publication. Il n'en alla pas de même du premier éditeur hollandais, qu'un souci de "décence" conduisit à expurger le Journal de maints passages, notamment ceux où Anne évoquait ses émois d'adolescente et son éveil à la sexualité…

C'est cette version qui allait faire le tour du monde.

 

La "version définitive"

Le texte baptisé aujourd'hui "version définitive" a été établi en 1986. Il puise aux sources des deux journaux. Établi à partir de l'ensemble des textes originaux (légués par Otto Frank au RIOD, institut néerlandais de documentation sur la guerre), il restitue l'intégralité - ou presque - des deux versions.

Presque, parce que cinq feuillets inédits du "Journal" ont fait récemment leur réapparition. Tout porte à croire qu'Otto Frank les a retirés juste avant son legs au RIOD.

C'est du moins ce qu'affirme leur actuel possesseur, ancien collaborateur de la Fondation Frank, qui en a révélé l'existence en 1998 et cherche actuellement à les monnayer. Ces feuillets - qui ne modifient ni la lettre ni l'esprit du Journal - portent sur le mariage d'Otto et Edith. Anne y oppose le "mariage de raison" que ses parents ont - selon elle - contracté, au "mariage d'amour" dont elle aurait rêvé.

 

De l'authenticité controversée des "Journaux"…

Le succès planétaire du Journal d'Anne Frank ne pouvait manquer de susciter controverses, polémiques et attaques diverses.

À la fin des années cinquante, le bruit courut ainsi que son véritable auteur n'était autre que Meyer Lewin, premier auteur pressenti pour adapter le Journal au théâtre. Bien des journaux, aux États-Unis, en Allemagne, en Suède… s'en firent l'écho.

Les historiens révisionnistes ne furent pas en reste. Ainsi Robert Faurisson - "chef de file" des négationnistes français - a-t-il écrit, en 1980, que le Journal était une supercherie dont l'auteur serait Otto Frank lui-même.

Aujourd'hui, la question de l'authenticité du Journal ne se pose plus. Pour faire taire à jamais la rumeur, le RIOD a fait réaliser une analyse complète de tous les documents originaux remis par Otto Frank. Cette mission a été confiée au Laboratoire judiciaire national des Pays-Bas. Des expertises graphologiques comparatives, des analyses du papier utilisé, de l'encre… ont attesté qu'Anne Frank était bien - et définitivement -, l'auteur des Journaux…

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