Pas un de moins
l'histoire références essentielles critique pour mieux comprendre Le professeur du petit village de Shuiquan doit s'absenter durant un mois. Le maire lui trouve une remplaçante, Wei Minzhi,...13 ans.
L'effectif est déjà passé de 40 à 28 élèves et Wei ne sera payée que si plus aucun élève ne quitte la classe.
C'est ainsi que lorsque Zhang ne se présente pas en classe, Wei décide de le retrouver et de le ramener.
Chine -1999 - 1h 45 - Vo Réalisateur : Zhang YIMOU
Scénario: Shi XIANGSHENG
Image: Hou YONG
Musique: San BAO
Ils ont fait le film
ZhanG Yimou Il est né à Xian dans la province de Shaanxi en 1950. La Révolution Culturelle le plaça en milieu rural entre 1968 et 1971, puis comme ouvrier dans l'une des usines de textiles de sa ville natale jusqu'en 1978.
A la fin de la révolution Culturelle, il commença ses études à l'Académie Cinématographique de Beijing dont il sortit diplômé. Il fut acteur, cameraman et directeur de la photo avant de passer à la mise en scène.
Son œuvre est jalonnée d'une multitude de récompenses et de prix obtenus dans tous les grands festivals internationaux de cinéma : Berlin, Sydney, Cannes, Chicago…
En 1997, la mise en scène qu'il fit de Turandot, l'opéra de Puccini, avec le Maggio Musicale Fiorentino, fut acclamée dans le monde entier. Les décors, les costumes ainsi que la mise en scène furent adaptées aux conditions de plein air de la Cité Interdite de Beijing (Pékin).
1988 LE SORGHO ROUGE
1990 JU DOU
1992 EPOUSES ET CONCUBINES
1994 VIVRE
1996 SGHANGAI TRIAD
1999 PAS UN DE MOINS
Critique
Elle n'engage que leur auteur, mais peut vous éclairer.
Ceux qui connaissent l'œuvre de Zhang Yimou reconnaîtront une structure se démarquant peu de "Qiu Jiu, une femme chinoise", qui avait précédemment valu au cinéaste un Lion d'or à Venise en 1992.
Déjà, il décrivait l'obstination indomptable d'un personnage féminin, poussant jusqu'aux franges de la folie obsessionnelle la volonté de mener à bien un projet. Et déjà ce parcours empruntait les voies qui mènent d'un village reculé à la grande ville…
Qiu Ju était une œuvre terriblement troublante, où tout était mis en question : la beauté même de l'actrice Gong Li ; le bien-fondé d'un idéal poussé à l'extrême ; la complexité de la dialectique ville-campagne. "Pas un de moins" est le contraire. Il oppose systématiquement la réponse la plus rassurante aux questions ouvertes par Qiu Ju. Il est vrai que ce nouveau film est une production très officielle du gouvernement chinois, en collaboration avec une major hollywoodienne, Columbia. Cette histoire d'écolier devient ainsi un cas d'école, où on voit bien que la logique d'ordre politique et moral d'un état totalitaire et la logique de conformité esthétique à visée commerciale d'une multinationale de la distraction trouvent sans peine un terrain d'entente, en faisant de la télévision le sauveur du gamin et de l'adolescente.
Zhang Yimou et son collègue Chen Kaige, sont engagés dans des stratégies de reconnaissance officielle chez eux et de recherche d'emploi en Californie dont témoignent trop explicitement leurs films.
Il reste que Zhang Yimou est un bon cinéaste et que cela transparaît tout de même sous ces couches de diplomaties et de bons sentiments. Le choix des comédiens, tous amateurs, la plupart dans leur propre rôle (et portant leur vrai nom), est la plus belle réussite du film. Zhang sait filmer les visages et les corps, y déceler d'infimes variations de tension, d'élan, de peur ou de satisfaction. Il avait fait de Gong Li une grande actrice ; il fait la même chose avec une gamine de treize ans. Pendant les quelques plans échappant au pathos et à l'anecdote, sa seule présence habite soudain l'écran avec une force qui fait espérer retrouver ce cinéaste dans de plus audacieux parages ".
Jean-Michel Frodon
Voici des éléments d'information qui peuvent, à notre avis, aiguiser votre regard
A PROPOS DU CINEMA CHINOIS…
Le cinéma chinois rajeunit. Il s'approfondit. Il ose plonger dans la réalité bouillonnante d'une société en pleine transmutation. Et le résultat est un formidable renouveau des thèmes et des styles. Jia Zhangke, qui est diplômé en réalisation de l'Institut du Cinéma de Pékin, reconnaît volontiers l'influence de Vittorio de Sica, de Bresson, de Mike Leigh. Comme lui, toute une génération de réalisateurs ont fourbi leurs armes dans le documentaire. Ils ont raconté la chronique douce-amère de Mademoiselle entraîneuse de karaoké, collé au plus près du quotidien dans Ouvriers à la retraite, décrit le malheur des Petits plaignants, contraints de monter à Pékin pour réclamer la justice contre les potentats corrompus de leur province… Et quand ils passent à la fiction, ils emportent avec eux, comme un trésor, la réalité cruelle à laquelle ils se sont frottés. Mais du côté du manche, rien ne change. Toujours la même censure tatillonne, acharnée à barrer les oeuvres qui donnent une mauvaise image de la Chine.
Elle pinaillait hier sur les rouges, les ors et les fastes des films de Zhang Yimou et Chen Kaige, cinéastes phares de la cinquième génération. Elle fait la grimace aujourd'hui devant la grisaille, le glauque, le précaire des œuvres de leurs cadets. Ils refusent pourtant de s'avouer battus, ces cinéastes de la sixième génération, nés dans les années 60-70. Les grands studios écartent-ils leurs projets jugés pas assez rutilants ? Ils vont chercher l'argent à l'étranger. Au Japon, en Corée, quelques producteurs ont décidé d'investir dans le cinéma chinois indépendant.
Le festivals de Locarno, de Rotterdam ou de Pusan, en Corée, donnent des subventions. Et puis il y a les nouveaux riches de l'économie socialiste de marché, qui ne rechignent pas à offrir parfois, sans espoir de retour, quelques centaines de milliers de yuans. " Sans l'avoir vraiment voulu, ces mécènes ont crée un véritable cinéma underground cinq ou six films tournés chaque année sans permis, explique le critique et réalisateur Zhang Xianmin. Pour la plupart, ces œuvres ne sortent jamais ni en Chine ni à l'étranger, on ne peut les voir qu'en cassette ".
Le patron du Département de la Propagande l'affirme sans ambages : Notre cinéma doit offrir aux spectateurs les nobles idéaux et croyances l'excellence des accomplissements du Parti. Alors, pour obtenir des subventions de l'Etat, les studios réalisent à tour de bras de grandes fresques qui n'ont d'historique que le nom. On les appelle les films d'offrande. De fait, ils exhalent un doux fumet d'encens, ces kilomètres de pellicule pleins de bruit et de figurants, qui chantent la gloire du Parti, de l'armée, des pères du régime, des grands hommes du passé enrôlés de force sous la bannière rouge.
Malgré des tickets vendus à moitié prix, la production nationale remplit péniblement 20% des salles. La part du lion, 80% du gâteau, ce sont les films américains qui se l'arrogent. " Hollywood est en train de tuer le cinéma chinois ", clament les jeunes cinéastes. " Et c'est la faute du système chinois, accuse Jia Zhangke. Une poignée de compagnies ont le monopole d'achat des productions étrangères. Comme elles touchent un pourcentage sur les entrées, elles favorisent les films qui rapportent le plus. Ces organismes d'état sont devenus les agents d'Hollywood ! "
Ursula Gauthier