Le conte des trois diamants

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éclairage

ils ont fait le film

pour mieux comprendre

Youssef, 12 ans, vit avec sa mère et sa sœur dans un camp de réfugiés de la bande de Gaza. Son père est en prison, son frère a pris le maquis. Rien qui dispose à l'espoir.

Mais il rencontre Aïda, une fillette à l'imagination exubérante qui l'envoûte avec le récit des trois diamants perdus du collier de la grand mère : son amour ira à celui qui les retrouvera, en Amérique du Sud.

Youssef est prêt au voyage, mais que peut l'imaginaire des enfants face aux soldats qui tiennent l'enclave sous bonne garde, traquent et tirent ?

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Belgique - Grande Bretagne - Palestine -1994 - 1h 46 - VOST

Réalisateur : Michel KHLEIFI

Images : Raymond Fromont

Interprètes : Mohammad Nahhal, Hana Nemeh,Ghassan Abu Lida, Makram Kouri

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Voici ce qu'en a pensé un critique - Cela n'engage que lui, mais peut vous éclairer
Quelques scènes, saisissantes de concision brutale, suffisent à Michel Khleifi pour donner à ressentir le climat d'exaspération et de peur entretenu par l'armée et les services spéciaux israéliens. Alors qu'il flâne avec un copain dans Gaza, où il se fait régulièrement houspiller par des marchands à cran, Youssef assiste à l'exécution de militants palestiniens armés par des hommes surgis d'on ne sait où…

Contrairement à "Noces en Galilée" (1984), où, plaidant pour la réconciliation judéo-arabe, il s'attachait à des personnages appartenant aux deux communautés, Khleifi prend Israël violemment à partie dans ce film où il marie le rêve….à une réalité implacable.

S'il se montre nettement plus vindicatif à l'égard de l'Etat hébreu qu'il y a une décennie, le cinéaste ne se sent pas pour autant de connivence avec les islamistes. C'est sans conviction, et en confiant à son miroir qu'il l'insupporte, que la sœur de Youssef met son tchador.

Joska SHIDLOW - Télérama - 6/12/1995

haut de pageMichel Khleifi

Né à Nazareth le 3 novembre 1950, Michel Khleifi y a vécu jusqu'en 1970. Après des études de metteur en scène théâtre, radio et télévision à l'INSAS, il réalise plusieurs reportages pour le magazine "A Suivre" (RTBF) entre 1978 et 1981. Producteur de 1980 à 1983, puis professeur à l'INSAS de 1983 à 1988.

Cinéma

Télévision

1980

La Mémoire fertile

1984

Ma'loul fête sa destruction

1987

Noce en Galilée

1990 :

Cantique des Pierres

1993

L'Ordre du jour

1995

Conte des trois diamants

Vidéo

1996

Mariages mixtes en Terre sainte

1978

Cisjordanie, espoir palestinien - Les Colonies israéliennes dans le Sinaï - Achrafieh

1979

Les Palestiniens et la Paix

1981

La Route d'El-Naïm.

 

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Le cinéma palestinien

Le cinéma est aussi une industrie, ce qui suppose évidemment l'existence d'un minimum d'infra et de superstructures industrielles, sinon étatiques, dans le pays où les cinéastes désirent tourner. C'est un art nouveau qui ne nécessite pas seulement l'investissement créatif d'un artiste et de toute une équipe, mais un financement relativement important. Toutes ces raisons triviales et objectives comptent pour beaucoup dans l'absence d'une cinématographie palestinienne avant 1968, année qui la vit naître.

C'est en effet l'OLP, organisation de libération nationale tout autant que de persistance nationale, qui contribue à ce que soit créée, en 1967-68, une "Unité cinéma", qui se transformera en "Groupe du cinéma palestinien" puis en "Films de la Palestine" avant de cesser d'exister deux ans plus tard.

Hany Jawhariyyeh, Sulâfa Jadallah et Moustapha Abou Ali en sont les initiateurs. Eux et quelques autres (Samir Nimr, Qassim Hawal...) vont réaliser des films, et ce seront des films de combat. Ces réalisateurs manieront la caméra comme d'autres, le fusil - en 1976, Hany Jawhariyyeh sera d'ailleurs tué sur le champ de bataille, caméra au poing. Tous les films de ces premiers réalisateurs palestiniens, courts ou moyens métrages (en 16 mm pour la plupart) ne sont bien entendu pas des oeuvres de fiction, mais des documentaires, des témoignages, souvent montés avec des intentions didactiques. Leur ambition est de montrer la réalité du combat pour la libération de la Palestine dans sa relation dialectique à l'Histoire, ou bien encore de recréer, par le biais d'une fiction-documentaire, les conditions de ce combat et la situation des combattants et de leur famille. Cette production s'adresse d'abord aux Palestiniens de l'intérieur. Cinéma militant, donc - mais pas, malgré les apparences, cinéma "de propagande" interne, avec ce que le terme implique de manipulation, de bourrage de crâne.

Michel Khleifi, né en 1950 à Nazareth, est, en Europe, le plus connu des cinéastes palestiniens, peut-être parce que son cinéma présente une certaine douceur dans la construction et dans le traitement, et qu'une simple sensualité en émane. "Noces en Galilée", 1987, son troisième long métrage, a obtenu le Prix de la Critique internationale au Festival de Cannes. L'intérêt de ce film réside dans sa force expressive et sa volonté manifeste de rompre avec la production traditionnelle, et d'exister en tant que film, comme un produit artistique adhérant au cinéma plutôt qu'à l'idéologie. "Noces en Galilée" a conduit un certain cinéma palestinien au point de non retour. Dès lors chaque nouveau film palestinien se devait de surprendre et de fasciner.

Après "Le Cantique des Pierres "(1990) qui raconte l'Intifada, mi-documentaire mi-fiction, et qui fut malheureusement décevant, et "La Mémoire fertile", qui passa inaperçu, Michel Khleifi dut attendre "le Conte des Trois Diamants "(1995) pour retrouver sa place sur la scène cinématographique arabe.

Ce film mêle légende et réalité, rêve et déception, et parvient à démontrer que le cinéma fait par les Palestiniens peut être un cinéma différent. Et, partant de cela, que Gaza en tant que ville et qu'entité, peut être une image poétique.

C'est précisément ce que dit Rashid Masharawi dans son premier long métrage "Couvre-feu" (1993) qui parle de Gaza, au moment où tout le monde commence à en parler. Mais celle qu'il décrit ne ressemble pas à la Gaza des autres, elle ressemble plutôt à Arine, interprétée par une jeune actrice venant de l'intérieur, où elle vivait loin, très loin, des slogans et de l'histoire. La Gaza de Masharawi vit les derniers moments de l'occupation, durant lesquels son peuple coexiste, tour à tour dans le calme et la confusion, avec une réalité qui changera bientôt.

Il y a chez Masharawi une certaine âpreté qu'on ne trouve pas chez Khleifi et qui concerne à la fois la forme et le fond. Il est vrai que Masharawi est né dans un camp de réfugiés à Gaza, et que chacun de ses deux films se situent précisément dans l'un de ces camps. "Haïfa" (1995) est, à sa manière, un quasi-huis clos qui parvient, par une option stylistique, à rendre palpable la réalité du camp où se situe l'action. L'atmosphère du film est extrêmement prégnante, accentuée par l'austérité du filmage. Haïfa est certes une ville qui hante la mémoire, mais c'est avant tout un personnage (Muhammad Bacri au sommet de son art) cachant sa mémoire derrière une folie qui lui permet de dire sa vérité sans en être responsable: la réalité, d'après Oslo, celle d'un peuple déchiré entre l'acceptation de ce qui existe, et un refus qui ne mène nulle part.

Elia Suleiman, né en 1960 à Nazareth, exilé à New York depuis 1982, est le réalisateur de "Introduction to the end of an argument "(1990), film radicalement original où, pour la première fois dans le cinéma palestinien, l'humour d'un montage "à la mitraillette" - un humour ravageur, terrible - se substitue à la forme militante traditionnelle tout en manifestant les mêmes exigences et en visant les mêmes buts.

Dans "Chronique d'une disparition", son premier long métrage, ce réalisateur entremêle plusieurs histoires sans aucun point commun - du moins en apparence - que leur ambiguïté. On y entre, on en sort, on côtoie des personnages qui s'agitent sans jamais rien comprendre de leurs motivations, de leur psychologie, de leurs comportements. L'énigme de ces saynètes rejoint alors celle du film, puisqu'on ne saura jamais qui y disparaît, si ce n'est l'esprit des accords d'Oslo. Ainsi avance ce film décousu et pourtant totalement cohérent, de la projection duquel on sortirait infiniment frustré, s'il n'était filmé avec autant d'inventivité, d'humour, d'intelligence.

Parmi les autres réalisateurs palestiniens, on citera encore Maï Masri, Aria Arasogli et Ali Nassar. Ce dernier est né en Galilée en 1954, et a étudié le cinéma à l'université de Moscou. Revenu dans son pays, il fonde une troupe de théâtre, et travaille comme photographe pour un quotidien de Haifa.

"The Milky Way", long métrage de 1997, met en scène quelques-uns des meilleurs acteurs palestiniens.

Mabruk doit se débrouiller tout seul depuis qu'il a perdu ses parents, morts pendant la guerre de 1948. Se faisant passer pour l'idiot du village, il s'attire la bienveillance de chacun et parvient à vivre de sa mendicité. Il est secrètement amoureux de Jamilah, une jeune fille marquée elle aussi par la guerre. Son seul véritable allié est le maréchal ferrant, Mahmud, un homme indépendant et courageux, déterminé à en finir avec la corruption ambiante. Le village est sous la coupe d'un maire fatigué de servir les intérêts du gouverneur militaire et des luttes pour le pouvoir qui agitent le village. Quand Muhmad ose s'opposer à lui, et que le fils du maire est tué, Muhmad est accusé à tort de meurtre...

Le film d'Ali Nassar reflète sa propre expérience de la vie villageoise, quand les luttes intestines peuvent s'avérer aussi mortelles que l'oppression venant de l'extérieur. Le village devient ainsi un microcosme d'un monde dans lequel tradition et modernité s'opposent.

Sources : Jean-Claude Pons, La création artistique ; Ibrahim Al-Ariss, Écrans de mémoire ; Hélène Morin. 

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